Michael Kenna au Musée Guimet : Haïkus d’argent, l’Asie photographiée

Cette exposition au Musée Guimet célèbre la photographie minimaliste de Michael Kenna et sa vision sur une Asie qu’il découvre et redécouvre au fil des années.

Cela faisait près de 15 ans que je n’avais pas vu le travail de Kenna exposé, alors c’est avec quelques appréhensions quand même que je me suis rendue au musée Guimet.
“Est-ce que je vais réellement être touchée par le travail de l’artiste ou est-ce que je romantise mes souvenirs ?” (Je suis tout de même beaucoup plus sensible à la peinture).
C’est vraiment très beau, la scénographie est simple, mais il n’en faut franchement pas plus, on voyage, on se perd dans les différents paysages plus ou moins brumeux, on s’interroge sur le pays d’origine de la photo, et bien sûr le monochrome fonctionne très bien pour pouvoir ranger les photos par thématique et pas par date de prise de vue, c’est donc très agréable de parcourir l’exposition.

Quelques œuvres du musée d’accueil sont mises en regard du travail de Kenna, afin de tirer le fil de sa philosophie empruntée aux arts de l’Asie et notamment du Japon (oui, vous sentez mon sourire crispé peut-être ?). Bref, c’est bien évidemment une superbe idée pour mettre en avant les œuvres du musée et donner envie d’en voir plus. D’ailleurs, c’est ce que je me suis empressée de faire une fois la visite terminée.

J’ai absolument adoré en savoir plus sur le process très artisanal du photographe, et le voir peindre sur ses clichés des retouches à l’encre de Chine, dans le mini-documentaire présenté au sein de l’expo. On comprend que ce n’est pas “juste” une collection de clichés dont on aurait retouché très fortement les contrastes, mais une expression de ce que l’artiste a envie de transmettre, sans doute en rapport avec les souvenirs des émotions qu’il aurait eues sur place ? (Personnellement, je n’aime pas trop théoriser ce genre de choses, et si l’objectif est plutôt une recherche esthétique d’équilibre et de composition, j’adhère et ça fonctionne aussi bien).
J’ai aussi beaucoup aimé la progression vers son travail le plus pictural et minimaliste qui conclut très bien l’expo.

Je me suis demandée pourquoi l’Inde n’était pas représentée, c’est peut-être tout simplement parce que cela ne collait pas au storytelling de l’expo, mais j’ai été surprise. Enfin, il y a de quoi faire avec l’Asie de l’Est !

Est-ce que je recommande d’y aller ?
Oui totalement. Et je dois dire que j'en aie profité pour redécouvrir le musée Guimet, qui cache des collections permanentes sublimes et a l’avantage non négligeable d’être (trop) peu fréquenté. C’est donc un plaisir de pouvoir déambuler et de tout lire. Puis de refaire le tour de l’exposition une seconde fois.